Bonnet rose orné d’un badge pour défendre l’égalité, poncho en plastique vert, Andrea défile dans les rues de Washington D.C., deux jours avant l’investiture de Donald Trump. « Nous devons résister, résister, résister… Je ne sais pas que dire de plus. Il y a tellement de choses qui ne vont pas », témoigne-t-elle au micro de Democracy Now !.
Autour d’elle, les rues sont remplies de milliers de citoyen
nes muni es de pancartes pour défendre l’accès à la santé reproductive, les droits des minorités, la libération du peuple palestinien ou encore la protection de l’environnement. Ce 18 janvier, l’inquiétude règne à l’approche du retour de Donald Trump au pouvoir. À raison.Mille milliards de dollars dans la salle
Sous la rotonde du Capitole, Donald Trump a prononcé un discours dur, sans un sourire. Vengeur, il a promis un « âge d’or » pour les États-Unis. Mais pas pour tout le monde. The Intercept note d’ailleurs la différence symbolique entre cette cérémonie d’investiture et celles des précédents présidents des États-Unis : « Les foules bruyantes des années passées, qui atteignaient des millions de personnes à leur apogée, ont disparu. Elles ont été remplacées par un cercle restreint de personnes parmi les plus riches et les plus puissantes de l’histoire de la nation, qui ont été les seules à assister à la passation de pouvoir. »
Dans la salle, la valeur combinée des invités approchait les mille milliards de dollars, souligne le site américain, qui résume : « L’investiture de Trump montre que l’oligarchie est plus forte que jamais. »
L’âge d’or promis par Trump ne sera pas celui de millions d’Américaindéjà dépossédées dans une partie du pays du droit à l’avortement.
es issus de l’immigration, précaires, membres de la communauté LGBTQI+. Ce ne sera pas non plus le cas des populations les plus vulnérables face aux catastrophes climatiques, ni celui des femmesMenaces immédiates contre les sans papiers
Le nouveau président avait promis à de nombreuses reprises de lancer « le plus grand programme d’expulsions » de l’histoire des États-Unis. Le site Texas Tribune affirme que cette annonce spectaculaire pourrait en fait se dérouler bien plus discrètement qu’on l’imagine.
« L’administration Trump n’aurait pas à mener de vastes raids sur les lieux de travail ou à rassembler les immigrants dans les rues, explique le média texan. Au lieu de cela, elle pourrait commencer à cibler immédiatement les quelque 11 millions d’immigrés sans papiers vivant aux États-Unis – dont 1,6 million au Texas – en utilisant l’appareil d’expulsion actuel associant police locale, prisons et agents fédéraux. »
Seuls les personnes condamnées pour un crime sont actuellement concernées par ces expulsions, souligne Texas Tribune. Mais le Congrès examine actuellement une extension de ces expulsions pour des coupables de délits comme le vol à l’étalage. Le jour même de l’investiture de Trump, le 20 janvier, le média spécialiste des questions d’immigration Documented prévenait : « Les autorités et les défenseurs des droits des immigrés s’attendent à des opérations de contrôle de l’immigration dans de nombreuses villes cette semaine. » Des hébergements pour personnes sans-papiers préparent déjà leurs employés à réagir en cas de descentes de police.
Au premier jour de son mandat, Trump s’est aussi immédiatement attaqué aux minorités de genre, plus spécifiquement aux personnes trans. Lors de son discours du 20 janvier, le président américain a annoncé : « À partir d’aujourd’hui, la politique officielle du gouvernement des États-Unis sera de dire qu’il n’y a que deux genres : masculin et féminin. »
Plus de pétrole et de gaz
Selon des sources internes à la Maison blanche, citées par Mother Jones, cela signifie que « les agences fédérales auront pour instruction de classer les personnes en fonction de leur sexe biologique sur les documents d’identité. Les agences recevront également l’ordre de cesser d’interpréter les lois sur la discrimination sexuelle d’une manière qui protège les personnes transgenres. »
Le combat contre le réchauffement climatique a également été abandonné dès le premier jour de la présidence Trump. Au Capitole, Donald Trump a répété son mantra : « Drill, baby, drill » (« Fore, chéri, fore ») – sa promesse de relancer sans entraves l’exploitation de gaz et de pétrole dans le pays. Son discours terminé, le chef d’État a immédiatement signé la sortie de l’Accord de Paris de 2015 sur le climat.
« Les mesures qu’il a prises dès le premier jour représentent une refonte complète de l’agenda climatique du pays et donnent le ton de l’approche de son administration en matière d’énergie et d’environnement pour les quatre années à venir », s’inquiète dans un article du 20 janvier le média écolo Grist.
« Tous nos cauchemars vont devenir réalité », s’alarme la revue Jacobin face à la perspective de ces quatre années à venir. Mais le magazine appelle à ne pas désespérer : « La pire chose que nous puissions faire en ce moment est de nous recroqueviller dans nos vies individuelles. » Selon le périodique de gauche, la meilleure réponse à ce nouveau mandat Trump qui débute est la solidarité.
De son côté, TruthOut appelle aussi les médias à ne pas se laisser intimider par les menaces de Trump, et les presse : « Dites la vérité plus fort que jamais. »