« Mehdi a été brutalement et lâchement assassiné. Plus nous ferons nombre, plus cette famille et les autres pourront vivre, debout. » A l’appel de l’association Conscience, une marche blanche est organisée ce samedi 22 novembre à 15 heures, à Marseille, pour rendre hommage à Mehdi Kessaci, assassiné jeudi 13 novembre.
Le jeune homme de 20 ans était le frère cadet d’Amine Kessaci, militant écologiste marseillais et fondateur de l’association Conscience. Celle-ci a été fondée pour accompagner les familles endeuillées par le narcotrafic. Comme le rappelle le média Marcelle, un premier assassinat a frappé la famille Kessaci le 29 décembre 2020. Ce jour-là, Brahim, le frère ainé d’Amine est tué. « D’après ce qu’on m’a dit, il était ce soir-là avec une personne qui était la cible d’un règlement de compte » confie Ouassila, la mère de famille. Elle a finalement fait le choix de s’engager avec son fils Amine dans l’association Conscience pour se « mettre au service des mamans qui ont perdu un enfant, se sentent perdues et montrées du doigt ».
Mais le 13 novembre dernier, c’est un autre fils de la famille, Mehdi, qui a été assassiné. Encore étudiant en BTS banque dans un lycée du centre-ville, se préparant à repasser le concours de fonctionnaire de police, Mehdi Kessaci n’avait, selon le procureur de la République de Marseille, « rien à voir avec le narcotrafic ». La piste « largement envisagée » par les enquêteurs est une opération d’intimidation, « un assassinat d’avertissement », visant Amine Kessaci à travers la mort de son frère. « La priorité pour la famille Kessaci est que nous soyons le plus nombreux possibles lors de la marche blanche qui sera organisée ce week-end », écrit l’association Conscience.
« Le meurtre de Mehdi doit faire naître une grande mobilisation »
Mehdi Kessaci n’est pas la première victime collatérale du narcotrafic. Socayna, 24 ans, a été tuée d’une balle de kalachnikov en pleine tête le 10 septembre 2023 à Marseille, alors qu’elle révisait ses cours de droit dans sa chambre. Un meurtre pour lequel un garçon qui n’avait pas 16 ans au moment des faits attend d’être jugé. Nessim Ramdane, un chauffeur de VTC marseillais, a été abattu par un adolescent de 14 ans qui s’apprêtait à exécuter un contrat pour une organisation criminelle.
En qualifiant les faits, mardi 18 novembre, jour des obsèques de Mehdi, de « crime d’intimidation », le ministre de l’intérieur Laurent Nuñez accrédite le scénario d’un nouveau degré atteint dans l’emprise des narcotrafiquants. Ces derniers ne se contenteraient plus, en France, de régler leurs comptes internes, mais auraient commencé à s’attaquer à celles et ceux qui dénoncent leurs méfaits ou luttent contre leur emprise.
Le rendez-vous pour la marche blanche est fixé au rond-point Claudie d’Arcy, dans le 4e arrondissement de Marseille, « là où la vie de Mehdi a été arrachée ». Les participants sont conviés, sans banderole ni drapeau, mais sont invités à venir « vêtus de blanc ». L’association Conscience espère que cette marche « fleurira partout ailleurs, car le meurtre de Mehdi doit faire naître une grande mobilisation ». Elle invite ainsi à organiser des événements, « même petits », partout en France.
« Pendant trop longtemps, la France a laissé l’emprise du narcotrafic s’installer. Parce qu’il se déroulait dans les quartiers que personne ne voulait regarder. Parce qu’il semait le malheur chez ces citoyens que personne ne daignait écouter. Parce qu’il a trop longtemps été considéré qu’il y a des vies qui ne comptent pas et peuvent être sacrifiées. Cela doit changer » appelle l’association Conscience.
« Unissons-nous pour dire que cet assassinat sauvage doit constituer un tournant dans l’histoire de notre pays. Unissons-nous pour que justice soit rendue à la famille Kessaci et à toutes les autres familles de victimes. »
– Contact : marcheblanchemarseille [@] gmail.com