Démocratie - page 12

Droit humains

En Turquie, purges et chasse aux sorcières ciblent les militants progressistes

La Turquie vit depuis cinq mois sous le régime de l’état d’urgence. Sous prétexte de débarrasser institutions et administrations des présumés complices de la tentative de putsch de juillet, le gouvernement Erdogan réprime toute opposition. Journaux et médias audiovisuels suspendus, journalistes et écrivains emprisonnés, députés arrêtés, associations de défense des droits humains fermées, syndicalistes limogés : la gauche turque subit de plein fouet cette immense « purge ». La société civile tente malgré tout de résister. « Un jour viendra le moment de rendre des comptes, et nous serons là », expliquent les opposants. Reportage à Istanbul et Ankara.

Par Selin Kaya

Droit humains

En Inde, une gigantesque base de données biométriques a déjà fiché plus d’un milliard d’habitants

Le projet Aadhaar, porté par le gouvernement indien, a déjà numérisé les empreintes digitales, les iris et le visage de plus d’un milliard d’habitants. Objectif annoncé : intégrer l’ensemble des Indiens dans les registres de l’administration, ce qui faciliterait la redistribution d’aides sociales. Mais le système éveille les craintes d’une surveillance de masse destinée, un jour, à contrer toute contestation sociale ou politique. Dans le même temps, les acteurs de ce secteur en pleine expansion, comme l’entreprise française Safran qui a raflé le marché indien, exportent leurs systèmes de fichage biométrique sur tous les continents.

Par Nadia Djabali

Droit humains

À la frontière franco-italienne, les habitants de la vallée de la Roya risquent la prison pour avoir aidé les migrants

À la fois cul de sac et point de passage de l’Italie vers la France, la vallée de la Roya voit chaque jour des dizaines de migrants se perdre sur les routes et les chemins de montagne. Spontanément, des habitants leur viennent en aide, malgré une pression politique, policière et judiciaire croissante. Organisés au sein de l’association Roya Citoyenne, ils refusent d’abandonner les migrants, souvent affamés et perdus, au bord des routes. Au départ discrète, leur action veut désormais se montrer au grand jour, pour contrer la répression des autorités. Quitte à risquer la prison. Reportage.

Par Margaïd Quioc

Conflit

Comment l’Europe autorise ses garde-côtes à ouvrir le feu sur des bateaux de réfugiés

Rien ne sera donc épargné aux réfugiés qui bravent la mer pour fuir les tragédies en cours en Afrique et au Moyen-Orient. Pas même l’infamie. Dans les bras de mer qui séparent les îles grecques des côtes turques, les garde-côtes grecs et européens n’hésitent pas à faire usage de leurs armes à feu pour arraisonner les bateaux transportant des réfugiés, au risque de blesser voire de tuer certains d’entre-eux. Le tout, avec la bénédiction tacite de Frontex, l’agence européenne des frontières, dont les pouvoirs ne cessent de s’étendre. Une enquête du magazine états-unien The Intercept, traduite de l’anglais par Basta!.

Par Zach Campbell

Air France, Goodyear : derrière les procès médiatisés, une répression anti-syndicale en passe de se généraliser

Dans la rue, devant les tribunaux, comme dans les usines et les bureaux, la répression de toute contestation sociale et syndicale se durcit. Alors que s’est ouvert le 27 septembre le procès de la très médiatique affaire des « chemises arrachées » d’Air France, et que l’appel des anciens ouvriers de Goodyear condamnés à de la prison ferme sera jugé mi-octobre, la criminalisation syndicale n’a jamais été aussi intense que ces six derniers mois. Les témoignages de brutalités policières gratuites, de peines de prison disproportionnées, de tirs de flashballs qui mutilent, et de répression dans les entreprises s’accumulent. C’est sans doute ce qu’on appelle la « modernisation du dialogue social ».

Par Franck Dépretz